Exposition : « Costumes des Mille et une Nuits »

Costumes des Mille et une Nuits     
Martine Kahane     
Collection "d'un regard l'autre"     
24 x 29,7 cm     
160 pages     
Dos carré cousu     
Parution : 20 mai 2008     
EAN : 9782912019882     
Prix indicatif : 26.00 €     
Ouvrage publié avec le concours du Conseil régional         d'Auvergne

Depuis des siècles l’Occident rêve des mirages de l’Orient. 
Les récits des Croisés, des voyageurs et des marchands, la politique des rois de France, l’alliance des Lys et du Croissant d’abord, les relations nouées par Louis XIV avec la Sublime Porte, les ambassades venues jusqu’à Versailles depuis des pays lointains, trouvent un épanouissement littéraire avec la première traduction par Antoine Galland des contes des « Mille et une Nuits » en 1704. 

Si en France tout finit par des chansons, tout arrive aussi, tôt au tard, sur le théâtre. Sur toutes les scènes, aussi bien sur les tréteaux des spectacles de foire que sur les plateaux des très officiels théâtres de l’Académie royale de musique et de la Comédie-Française, sultanes et vizirs 
enchantent le public. Les opéras de Rameau, les pièces de Molière ou de Racine, en attendant les tragédies de Voltaire, abondent en turqueries, montées avec le plus grand soin.

Décors et costumes évoquent un Orient rêvé, fait de luxe, de couleurs, de parfums, de tissus précieux, d’armes damasquinées, à la fois cruel et sensuel. Au XIXe siècle, la campagne d’Egypte de Bonaparte, la question d’Orient, la conquête de l’Algérie inspirent la peinture, la littérature, la poésie…et la mode. Le voyage en Orient des artistes romantiques est une fuite vers le paradis. Abandonnant pour un temps les villes qui s’industrialisent et se confondent dans le gris des paysages et des vêtements, assoiffés de couleur locale, les artistes rêvent de se libérer du corset des conventions sociales et soignent leur nostalgie en passant la Méditerranée. D’autres conventions naîtront, tout ballet digne de ce nom 
distribuera bayadères, almées et péris dans un joyeux mélange offrant tous les trésors de l’exotisme. 

Le public semble ne jamais se lasser de ces visions célestes. Pourtant, peu à peu, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Orient se banalise. L’irruption des Ballets Russes réveillera un Occident exténué, une fois encore le théâtre vibrera des couleurs de Léon Bakst, applaudira follement Nijinsky dans le rôle de l’esclave d’or de « Shéhérazade ». Paul Poiret transformera les femmes en sultanes, et une nouvelle traduction des contes des «Mille etune Nuits», due au docteur Mardrus, sera amplement illustrée, déclinée, édulcorée, notamment sous forme de livres pour enfants. 

Le XXe siècle, voyage et vitesse, repoussera les limites du monde connu. Pourtant, toute une jeunesse fera de Katmandou son rêve lointain, tandis que la mode, tirant parti « des » modes, retrouvera la trace des caftans et des turbans. Même si de nos jours règne la mondialisation, les charmes de cet Orient des « Mille et une Nuits » sont encore bien puissants sur les scènes, comme en témoignent les splendeurs de « La Bayadère » ou de « Shéhérazade ». 

Dessins de décors et de costumes créant sur les scènes un Orient du « pays d’Opéra », animent la scénographie qui présente des scènes extraites d’oeuvres tirées des Mille et une Nuits ou leur adaptation au théâtre, le harem de Shéhérazade, l’échoppe de Marouf, savetier du Caire, le jardin de la Sultane, la caverne d’Ali Baba, le salon du Sultan, le port d’embarcation de Sindbad le Marin, la halte de caravane, la turquerie du « Bourgeois Gentilhomme »… 

Thèmes et costumes présentés : 
L’exposition illustre des passages des contes des Mille et une Nuits qui ont inspiré de près ou de loin diverses oeuvres scéniques. Les costumes présentés proviennent soit de productions de ces œuvres, soit de productions d’oeuvres emblématiques comme «Le Bourgeois Gentilhomme » et sa scène de turquerie, soit de productions qui ont fait appel au goût orientalisant. 

Quelques exemples : 

•La boutique du savetier, costumes de Quelvée pour l’opéra d’Henri Rabaud, «Marouf, savetier du Caire», Opéra de Paris, 1928. 
Collection de l’Opéra National de Paris. 

•La caverne d’Ali Baba, costumes dans le style orientalisant, tissus précieux, riches broderies, applications savantes…pour «Le Mal court» d’Audiberti, «Le Chapeau de paille d’Italie» de Labiche, «Bajazet» de Racine, «Le Joueur» de Goldoni… 
Collection de la Comédie-Française. 

•Le marché aux esclaves, costumes provenant des collections du département des Arts du Spectacle de la Bibliothèque Nationale, «Bajazet», «Salammbô»… 

•La boutique du drapier et du tailleur avec des caftans de la fin du XIXe siècle utilisés pour différentes productions comme «Les Trois Sultanes», pièce de Favart, «Chérubin», opéra de Massenet. 
Collections de la Comédie-Française et de l’Opéra National de Paris. 

•Le harem présentant les costumes d’après les maquettes de Léon Bakst, célèbre décorateur des Ballets Russes de Diaghilev et maître du style orientalisant, du ballet «Shéhérazade», repris à l’Opéra de Paris en 1951. 
Collection de l’Opéra National de Paris. 

•La scène de la turquerie du «Bourgeois Gentilhomme», de Molière, prétexte à un défilé de Mamamouchis, muphtis et autres mascarades, avec des costumes provenant de plusieurs productions de cette pièce données à la Comédie-Française. 
Collection et Répertoire de la Comédie-Française. Répertoire du Poème Harmonique. 

•Sindbad le marin, pour le thème du voyage et de l’aventure, avec des costumes de Jean-Denis Malclès pour« Obéron », opéra de Weber, donné à l’Opéra de Paris en 1954. 
Collection de l’Opéra National de Paris. 

•Le salon du sultan, avec les costumes d’Alain Blanchot pour «Cadmus et Hermione», de Lully et de « Sant’Alessio », de Landi. 
Répertoire de l’Opéra-Comique et du Théâtre de Caen. 

•Les jardins de la sultane, tous les trésors de l’Inde, avec les costumes de Franca Squarciapino pour le ballet de Rudolf de Nouréev d’après Marius Petipa, «La Bayadère», au répertoire de l’Opéra de Paris depuis 1993. 
Répertoire de l’Opéra national de Paris. 

•Halte de caravane dans le désert, costumes de Françoise Darne pour «Idoménée», opéra de Mozart, Opéra de Paris, 1991 ; de Pet Halmen pour «Didon et Enée», opéra de Purcell, Opéra de Paris, 1984 ; d’Agostino Pace pour «Zadig», d’après Voltaire, Comédie-Française, 1978 ; de Louis 
Bercut pour «Polyeucte», de Corneille, Comédie-Française, 1987 ; costumes de Elisabeth Neumuller pour «Salomé», opéra de Strauss, Opéra de Paris, 1994. 
Collections de la Comédie-Française et de l’Opéra National de Paris. 
Enfin des marionnettes de Géo Condé, pour «Ali Baba», provenant des collections du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque Nationale de France, illustreront toutes les variantes des contes des Mille et une Nuits pour le monde enfantin. 

Hommage et découverte : 

Cette exposition constitue aussi un hommage aux célèbres Ateliers de costumes de la Comédie-Française, avec des costumes de plusieurs productions du « Bourgeois Gentilhomme » de Molière, de « Bajazet » de Racine, de « Zadig » de Voltaire, des « Trois Sultanes » de Favart… ; et une découverte du costumier Alain Blanchot, avec des costumes du « Bourgeois Gentilhomme », production du Poème Harmonique, de « Sant’Alessio », production des Arts Florissants et du Théâtre de Caen, de « Cadmus 
et Hermion e» opéra de Lully, production du Poème Harmonique et de l’ Opéra-Comique, 2007. 

Le catalogue « Costumes des Mille et une Nuits », Martine Kahane, directrice du Cncs, co-édition Bleu autour / Cncs, mai 2008.

Centre national du costume de scène 
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